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OL-OM: comment ce match est devenu le plus chaud de France

Les deux Olympiques se retrouvent ce mercredi pour écrire un nouveau chapitre de la rivalité entre l'OL et l'OM. Entre déclarations, matches de légendes et polémiques, les Lyon-Marseille ou Marseille-Lyon sont devenus au fil des années le match le plus chaud du XXIe siècle en France.

Rudi Garcia a beau déclarer qu’il "se fout" de la rivalité entre les deux Olympiques les plus célèbres de France, il n’en reste pas moins que depuis une vingtaine d’années, OL-OM est devenu l’affiche la plus chaude du football hexagonal. Et, ce mercredi, Lyon et Marseille ont de nouveau rendez-vous pour s’expliquer au Groupama Stadium, en quarts de finale de la Coupe de France (21h05). Un Olympico, comme le veut l'appellation donnée par les journalistes à cette rencontre spéciale, devenu au fil des années le match à ne plus perdre pour les supporters des deux clubs. La faute à un PSG hors d’atteinte, des Stéphanois trop irréguliers, mais surtout à quelques polémiques enflammées, des histoires de transferts rocambolesques et plusieurs matches tendus rentrés dans la légende.

Ribéry allume la mèche

Et pourtant. En 1987, alors que l’ennemi de l’OM se nomme encore Bordeaux, Bernard Tapie, le boss phocéen, suggère le nom d'un jeune chef d’entreprise lyonnais pour reprendre le club de deuxième division. Inspiré par la méthode Tapie, l’ambitieux Jean-Michel Aulas débarque et construit au fil des saisons le club qui régnera sur le football français des années 2000. La rivalité entre le meilleur club de France et le plus populaire, les deux plus grandes villes de France derrière la capitale, voit le jour. D’abord sportive, la lutte entre les deux équipes prend une tournure médiatique lors de l’été 2006. Joueur de l’OM, Franck Ribéry, la nouvelle star des Bleus cède aux sirènes de l’OL et annonce sur TF1 son souhait de rejoindre le club alors quintuple champion de France. Le président marseillais, Pape Diouf ne cède pas et déclare: "Nous serions des éléphants aux pattes d’argile si nous nous laissions déstabiliser par le premier guignol venu." Ribéry reste à Marseille et la guerre entre les présidents de l'OM et Jean-Michel Aulas est lancée. 

Un 5-5 dans la légende

En 2009, Pape Diouf se prend à son propre jeu. Le président de l’OM, encore en course pour le titre de champion, déclare avant la réception de l'OL lors d'une 36e journée décisive que "l’on assistera aux dernières gesticulations du champion". Raté. Piqués à vif, les Lyonnais, menés par un doublé de Benzema s’imposent 3-1 et rapprochent Bordeaux de son futur hexagoal. Quelques mois plus tard, les deux équipes se retrouvent à Gerland pour disputer l’un des plus beaux matchs de l’histoire du championnat de France (5-5). Le duel entre les Olympiques écrit son histoire sportive, que la décennie 2010 va tendre. 

Labrune, potence et "guignol"

L’arrivée de Vincent Labrune à la tête de l’OM en 2011 ne calme pas le jeu. Et, en 2015, le président marseillais adresse une lettre à la fédération dénonçant les pratiques d'Aulas envers les arbitres... Les échanges se corsent et JMA le traite de "faux-cul", de "petit président". Cette année marque un nouveau tournant dans les relations tendues entre les deux clubs. La rencontre houleuse et le but refusé à Lucas Ocampos (0-0). pour l'armada de Bielsa est resté dans les annales. Mais c'est en septembre, que la rivalité s'enflamme. Alors qu'à l'intersaison 2015, les Lyonnais se découvrent une passion pour les anciens joueurs de Marseille (Jérémy Morel, dossier Nkoulou qui capote), le retour de Mathieu Valbuena, ex-joueur de l’OM (2006-2014) au Vélodrome sous le maillot de l’OL, embrase le stade. Dans les tribunes, des groupes de supporters marseillais représentent leur ancien milieu offensif pendu à une potence. Excédé par cette ambiance délétère, Jean-Michel Aulas se lâche après le match. "J'ai dit à Vincent que c'était un guignol et qu'il durerait moins longtemps qu'il ne l'imaginait dans le football parce qu'on ne peut pas se permettre de jouer avec la sécurité des gens et s'amuser à jouer au pitre. C'est irresponsable". 

"Jean-Michel Aulas, on va tout casser chez toi"

L'antagonisme entre les deux clubs se creuse. Sur les réseaux sociaux, nouveau terrain de jeu entre supporters de l’OL et l’OM, souvent privés de déplacements, le chambrage ("FC Lyon", "penalty pour l'OL") et les moqueries fusent. Les échanges entre Jacques-Henri Eyraud et "Don Giovanni Michele" sur Twitter, comme le surnomme le président de l'OM, continuent d’alimenter la rivalité. Sur le terrain, l’affiche de 2018 (2-3) est musclée et se termine par une bagarre générale. Quelques mois plus tard, l’OM de Rudi Garcia envahit le Parc OL pour sa finale de Ligue Europa contre l'Atlético de Madrid (0-3) au son des "Jean-Michel Aulas, on va tout casser chez toi" de ses supporters. 1.200 policiers sont déployés pour éviter les débordement et une centaine de sièges sont arrachés dans le stade... Le 10 novembre 2019, certains supporters marseillais ont franchi un nouveau cap dans la violence en caillassant le bus des Lyonnais à leur arrivée au Vélodrome (2-1). 

Ce mercredi encore, le débat sur la nature du "seul olympique", lancé par Alvaro Gonzaez à la veille du match sera donc relancé pendant au moins 90 minutes dans la France du football. Acteur majeur de cette rivalité de 20 ans, Jean-Michel Aulas n'a lui non plus pas pu s'empêcher d'allumer la mèche en comparant les comptes de son OL à ceux de son adversaire du soir. Et tandis que le PSG continue de dominer les deuxièmes et troisièmes villes de France - on vous laisse déterminer dans quel ordre - n'ont pas fini de s'affronter. Et bien qu'il affirme ne pas s'y intéresser, Rudi Garcia, passé par Marseille (2016-2019), est l'un des acteurs principaux depuis quatre ans d'une histoire, qu'il aimerait certainement continuer à écrire longtemps. A commencer par la Coupe de France.

Ken Fernandez