Considéré comme un « sorcier » par beaucoup pour sa capacité à transcender ses équipes, Hervé Renard doit se demander si on ne lui a pas jeté un sort. Déjà privé de Marie-Antoinette Katoto et de Griedge Mbock, deux joueuses majeures des Bleues blessées avant son arrivée à la tête de l'équipe de France, Renard en a perdu deux autres depuis sa prise de fonction en avril dernier : Delphine Cascarino (genou), puis Amandine Henry (mollet).
Vendredi, alors qu'on se dirigeait vers la fin du dernier match de préparation à la Coupe du monde des Françaises, contre l'Australie (1-0), Selma Bacha (22 ans, 17 sélections, 1 but) s'est tordue la cheville gauche en disputant un ballon à Hayley Raso, durant le temps additionnel (90e+6). La Lyonnaise s'est effondrée sur le terrain, hurlant de douleur, tandis que sur le banc, le visage de son sélectionneur se crispait, et on pouvait lire de l'inquiétude sur ceux des membres de son staff assis sur le banc derrière lui.
« C'est un peu choquant pour nous aussi »
Kenza Dali, milieu des Bleues
Rapidement entourée par ses coéquipières et réconfortée par sa capitaine Wendie Renard, dont elle est très proche, Bacha a quitté le terrain deux minutes plus tard, en larmes, sur une civière. Après la rencontre, la joueuse quittait rapidement le Marvel Stadium de Melbourne pour se rendre à l'hôpital, accompagnée par le médecin de l'équipe et le team manager, afin de passer une radio qui a permis d'écarter la fracture. Hervé Renard, lui, donnait les premières nouvelles de la gauchère. « Apparemment sa cheville a tourné, donc on espère que ça ne sera pas trop grave, lâchait-il, désolé. C'est la plus mauvaise nouvelle de la soirée, mais restons patients en attendant le verdict du docteur et un examen un peu plus approfondi. Je pense que le docteur va faire au plus vite. On est toujours inquiet, mais il faut être mesuré, patienter, ne pas se précipiter dans les commentaires. »

Du côté des joueuses, on essayait aussi de ne pas s'alarmer, à l'image de la milieu Kenza Dali qui a eu des mots réconfortants pour une Bacha qui, elle, tentait de garder le moral. « C'est un peu choquant pour nous aussi, reconnaissait Dali. Je lui ai dit qu'elle avait encore un peu de temps, on a encore neuf jours (avant le premier match du Mondial, contre la Jamaïque). Elle est entre de bonnes mains. Je ne la mets pas encore forfait. »
Les options Baltimore et Malard pour remplacer Bacha dans le groupe
Kadidiatou Diani confirmait quelques minutes plus tard que Bacha « gardait le sourire », malgré cette blessure qui arrive au pire moment, et rappelait également son rôle prépondérant dans ce groupe. « Elle est importante sur le terrain et en dehors, elle met beaucoup d'ambiance, et de bonne humeur. » Sandie Toletti aussi avait envie de croire que leur « pile » allait pouvoir disputer sa première Coupe du monde. « Elle nous donne toujours de l'énergie, elle ne s'arrête jamais, souriait tendrement la milieu. On s'est toutes regardées en se disant ''ça fait chier''. On est toutes avec elle. »
Sur le terrain, Bacha avait livré un match plein contre l'Australie en tant qu'ailière gauche, un poste où Hervé Renard aime la faire évoluer. Un forfait de Bacha serait un énorme coup dur pour les Bleues, même si le sélectionneur dispose de solutions dans le groupe pour la remplacer. Amel Majri, Clara Mateo, Vicki Becho ou même Sakina Karchaoui peuvent jouer à ce poste. Il aura aussi la possibilité de faire appel à une remplaçante avant le match contre la Jamaïque. Sandy Baltimore ou Melvine Malard pourraient notamment faire l'affaire. Mais avant d'en arriver là, une IRM est prévue samedi afin de savoir si Bacha a une chance poursuivre l'aventure avec les Bleues.