FOOTBALLLes réseaux sociaux, ultime solution face à ce « déprimant » derby OL-ASSE?

OL-ASSE : Les réseaux sociaux peuvent-ils rendre ce derby à huis clos moins « déprimant » pour les supporters ?

FOOTBALLPour la première fois de son histoire, la rivalité régionale entre Lyonnais et Stéphanois va se disputer sans le moindre supporter, dimanche (21 heures) au Parc OL
Football: OL-ASSE, le derby le plus bouillant de France
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • Le 121e derby de l’histoire entre l’OL et l’ASSE se déroulera dimanche (21 heures), dans un huis clos lié au Covid-19 s’annonçant plus pesant que jamais pour pareil choc.
  • Dans ce contexte si « déprimant », les supporters des deux camps ont du mal à se projeter sur ce qui constitue pour eux depuis toujours « le match de l’année ».
  • Au vu du confinement imposé, les Lyonnais et les Stéphanois vont-ils se retrancher en nombre sur les réseaux sociaux pour tenter de vibrer (un peu) voire chambrer l’adversaire d’ici dimanche soir ?

Si les Lyonnais ne devaient retenir qu’une image des quatre mois passés par Sylvinho à la tête de l'OL en 2019, ça serait celle-ci. Au bout du dernier entraînement d’avant-derby, l’entraîneur brésilien apparaît d’un coup survolté, entouré de fumigènes et de 2.000 supporters venus à Décines, pour taper des mains à tout va. Limogé deux jours plus tard après une triste défaite (1-0) dans le Chaudron, Sylvinho a tout de même pu toucher de près à la folie qui entoure toujours ce choc entre Lyonnais et Stéphanois.

Enfin ça, c’était dans le monde d’avant : seuls les staffs et une quarantaine de journalistes pourront assister dimanche (21 heures) au 121e derby de l’histoire, assurément le plus triste avec son huis clos inédit imposé par la crise sanitaire du Covid-19. La traditionnelle dernière séance blindée d’ultras côté OL et le départ en car des joueurs de l’ASSE dans une folie furieuse, le dimanche du côté de L’Etrat (Loire), ne seront pas au menu non plus cette semaine. Les Magic Fans ont juste déployé jeudi une banderole au centre d’entraînement des Verts : « Pas le droit à l’erreur, respectez nos couleurs ! ».

« Il reste toujours une petite flamme allumée »

« Le mois passé, les Lensois ont eu un petit lot de consolation en accompagnant le départ en car de leurs joueurs vers Lille, note Jean-Pierre, fervent fan lyonnais. On espérait pouvoir au moins s’amuser un peu en se regroupant sur des routes ou des ponts pour craquer des torches avant le match, mais même ça, on doit y renoncer. » Aucun groupe de supporters de l’OL ne devrait braver le confinement dimanche en vue de cette rencontre si spéciale. Comment, dans ce contexte, les passionnés de l’OL et de l’ASSE vont-ils réussir à vibrer pour leur habituel « match de l’année » ?

L'un des tifos dévoilés par les supporters lyonnais, lors du dernier derby, disputé en mars dernier dans un Parc OL alors bondé.
L'un des tifos dévoilés par les supporters lyonnais, lors du dernier derby, disputé en mars dernier dans un Parc OL alors bondé. - JEFF PACHOUD / AFP

« Cette ferveur du derby perd de son charme mais elle ne disparaît jamais, estime Jean-Pierre, qui va manquer le rendez-vous contre les Verts dans le virage nord pour la première fois depuis 20 ans. Il reste toujours une petite flamme allumée, et il y aura quand même sûrement quelques soirées clandestines de supporters habitant dans le même coin. » « S’il y a bien une occasion où je serai prêt à braver l’interdit, ça sera celle-ci, poursuit Richard du virage sud. C’est beaucoup trop déprimant de regarder ce match tout seul. »

« 50 % d’un derby vaut pour le spectacle en tribunes »

Dans le camp d’en face, Sylvain (38 ans) n’est guère plus enthousiaste à l’approche de ce derby au Parc OL : « Les saisons précédentes, je sentais déjà que la ferveur tombait un peu de mon côté avec toutes ces interdictions de déplacement. Là, je n’ai clairement pas l’impression qu’on est dans une semaine de derby. On pourrait se faire une soirée via Skype ou Zoom avec des potes en regardant le match chacun de son côté. Mais on n’en a pas encore discuté, tout simplement parce que ça n’est pas comme ça qu’on a envie de vivre le derby. »

Sans un Chaudron en fusion, Robert Beric aurait-il d’ailleurs crucifié l’OL de Sylvinho (1-0) il y a un an ? Rien n’est moins sûr et le souvenir de pareille ambiance pique forcément lorsqu’on sait ce qui vous attend dimanche. « C’est paradoxal car le football professionnel est le seul loisir qui nous reste actuellement, et pourtant cette saison me paraît un peu fade, observe Vincent, un habitué du Parc OL. Evidemment que je vais stresser dimanche, mais on regarde toujours un derby à 50 % pour le match et à 50 % pour le spectacle en tribunes. »

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L’OM, le véritable rival numérique des Lyonnais

A défaut de pouvoir mettre l’ambiance dans le virage sud, les Lyon 1950 doivent notamment se contenter de partager sur leur compte Facebook leurs plus grands souvenirs de derby durant toute la semaine. Finalement, face à ce constat imposé par le coronavirus, les réseaux sociaux ne sont-ils pas le seul refuge pour tenter de sauver la dimension rassembleuse du derby ? Supportrice de l’ASSE de 21 ans, Faustine n’en est pas convaincue : « Effectivement, il reste Twitter, c’est bien mais ça ne fait pas monter la pression comme un kop. Là, ça n’a rien d’un derby ».

Vincent, qui se prépare à encourager l’OL, seul chez lui, n’imagine pas envoyer des salves virtuelles à tout va sur dimanche soir. « Sur les réseaux sociaux, on s’accroche beaucoup plus avec de gros comptes marseillais, qui sont soit drôles, soit surtout provocateurs et insupportables, qu’avec les Stéphanois. Avec les suiveurs de l’OM, le FC Procuration est à son comble. Je ferai quand même un tour sur Twitter à la mi-temps et après le match. » Le Lyonnais poursuit avec le sens de la formule.

« Les réseaux sociaux, ça sera un peu notre troisième mi-temps, avec des likes et des retweets qui remplacent les potes et les bières. » »

Tout un programme, n’est-ce pas, ce derby confiné ? Au vu de la flippante série en cours de cinq défaites consécutives en Ligue 1, les supporters des Verts sont sans surprise encore moins branchés par l’option trash-talking entre twittos. « Je dois avouer que je ne suis pas vraiment optimiste donc je risque de ne pas mettre mon nez sur les réseaux de toute la soirée », reconnaît Sylvain.

« On déteste les Stéphanois mais on a envie de les voir au stade »

Même s’il est très actif sur les réseaux, le Stéphanois Eric a de l’expérience du haut de ses 55 ans : « Quand le derby approche, je n’ai pas bien envie de chambrer car je crains trop le retour de manivelle. A la limite, si le match est une catastrophe, je me mettrai à tweeter pour faire redescendre la déception ».

Certains fans comme Jean-Pierre ont un avis bien plus tranché sur le sujet : « Les réseaux sociaux sont d’une tristesse absolue. Un supporter ne vit pleinement sa passion qu’en réel, avec ses potes au stade ou au bar. Et même si on déteste les Stéphanois, on a envie de les voir au stade, ce qui est de plus en plus rare ».

Les supporters stéphanois ont participé à leur dernier derby à Lyon en avril 2013.
Les supporters stéphanois ont participé à leur dernier derby à Lyon en avril 2013. -  CYRIL VILLEMAIN/20 MINUTES/SIPA

« Entre Lyon et Sainté, c’est 100 % concret »

Et ce bien avant le Covid-19, car en raison des limitations/interdictions de déplacement, les supporters de l’ASSE n’ont jamais approché le Parc OL. La dernière trace d’un parcage stéphanois remonte ainsi à 2013 à Gerland. Pour autant, la rivalité régionale ne s’est jamais reportée sur Internet, à en croire Faustine : « Il y a très peu de clashs virtuels entre les deux camps. La communauté stéphanoise est discrète sur les réseaux, avec moins de comptes influents que côté OL, PSG ou OM. Il y a plutôt du chambrage en live entre collègues dans la région mais comme beaucoup de monde est actuellement en télétravail, cette tradition disparaît aussi ».


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Vincent résume l’animosité de ces deux voisins que tout ou presque oppose : « Entre Lyon et Sainté, c’est 100 % concret et non numérique. On a tous dans notre famille quelqu’un qui supporte le camp d’en face. » Et qui rongera son frein sur le canapé comme toute la région dimanche.

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