Sa présence est à la fois discrète et rassurante. Elle est celle dont on entend rarement la voix sur le terrain, mais dont les oreilles sont si précieuses pour les joueuses et le sélectionneur. Dernière à avoir intégré le staff technique d'Hervé Renard, Sabrina Viguier (42 ans) en est aussi la seule femme et joue un rôle précieux. « Elle est avec les filles quand nous on n'y est pas, décrivait le patron des Bleues, il y a quelques jours à Adélaïde. Je voulais absolument travailler avec une femme qui ait de l'expérience et un vécu des grandes compétitions. Elle sait tout. Elle ressent tout. Elle voit plus rapidement et facilement une fille qui peut être en difficulté pour diverses raisons. Elle ne va pas toujours dans le sens des joueuses. Elle tempère, c'est un bon baromètre. »
Ancienne internationale (93 sélections, 1 but), Viguier a vécu plusieurs carrières avant de rejoindre l'encadrement des Bleues. Professeur d'EPS de formation, elle a été joueuse de haut niveau entre 1999 et 2016 avec un passage par l'Olympique Lyonnais (2010-2014), où l'ex-défenseuse a remporté quatre titres de championne de France et deux Ligue des champions (2011, 2012). Elle a également participé à la première Coupe du monde des Bleues en 2003 puis a été de l'aventure en Allemagne (2011), où les Françaises avaient réalisé un parcours inédit en se hissant jusqu'en demi-finales.
« Ce n'était pas ce qui était prévu à la base, mais c'est une fierté d'aider ce groupe. »
Sabrina Viguier, sur son poste de préparatrice adjointe
En 2018, un an après s'être retirée des terrains, la préparatrice s'est tournée vers une carrière d'entraîneuse, à Rodez où elle a officié durant deux saisons. Recrutée par la FFF en 2019 comme responsable des sélections jeunes féminines, elle a donc fini par retrouver les A en tant que préparatrice physique adjointe, au côté de Thomas Pavillon. « Ce n'était pas ce qui était prévu à la base, avouait-elle fin juin à Clairefontaine avec son accent chantant et son débit ultra rapide. Cela s'est fait un petit peu dans les dernières minutes, mais c'est une fierté d'aider ce groupe à représenter la France à la Coupe du monde. »

Avant d'accepter de se rendre en Australie, Viguier s'est assurée de pouvoir faire venir sa fille de 3 ans qu'elle ne se voyait pas abandonner durant plus d'un mois. Dans son entourage, on n'est guère surpris de retrouver Viguier à ce nouveau poste. Élise Bussaglia, ancienne coéquipière mais aussi amie de l'ancienne défenseuse, en dresse un portrait élogieux : « Elle est très posée, très calme, très réfléchie, très intelligente. Elle ne va pas dire un mot plus haut que l'autre juste pour le plaisir de le dire. Elle est en maîtrise. Elle peut apporter beaucoup de choses aux filles, elle a eu énormément d'expérience. Elle va pouvoir échanger sur le foot, mais pas seulement, sur la vie aussi. »
Pavillon, qui collaborait déjà avec Viguier au sein de la Direction technique nationale (DTN) depuis 2019, se réjouit de pouvoir travailler de nouveau avec elle. « Quand vous avez été internationale 93 fois, vous avez de la personnalité et vous connaissez les exigences du haut niveau, souligne-t-il. Sabrina est force de proposition avec beaucoup de pertinence, de bienveillance et d'objectivité par rapport à ce qui est demandé. »
Même si elle a joué avec certaines (Renard, Le Sommer, Peyraud-Magnin, Durand...), elle a aussi su trouver sa place et la bonne distance, mais surtout se rendre indispensable auprès des joueuses. « Elle fait le lien entre nous et le staff, c'est une sorte de médiatrice, détaillait Sakina Karchaoui. Elle apporte sa bonne humeur et est très ouverte à la discussion. »
« On a plus de facilité à aller vers elle parce que c'est une femme, confirmait la défenseuse Aïssatou Tounkara. Elle a ce rôle d'intermédiaire. Elle nous apporte beaucoup dans la vie de groupe, dans les échanges. Elle ne nous a pas beaucoup raconté ses souvenirs, mais elle n'hésite pas à nous donner des conseils sur le fait d'être sérieuses et professionnelles. » Des recommandations qui pourraient s'avérer précieuses dans la préparation du quart de finale de samedi contre les Australiennes.