PSG féminines : pourquoi Vicki Becho va rejoindre l’Olympique Lyonnais

Apparue à plusieurs reprises sur le banc des professionnelles, celle qui est considérée comme l’une des plus belles promesses de la formation parisienne, va signer son premier contrat pro avec l’OL. La jeune attaquante de 16 ans livre les éléments qui l’amènent à quitter la capitale.

 Déjà en avance au PSG, où elle a joué avec les U19 à 14 ans, Vicki Becho a remporté l’Euro U19 avec la France l’été dernier. Elle n’avait que 15 ans.
Déjà en avance au PSG, où elle a joué avec les U19 à 14 ans, Vicki Becho a remporté l’Euro U19 avec la France l’été dernier. Elle n’avait que 15 ans. PA Images/Icon Sport

    A 16 ans, le programme de Vicki Becho diffère quelque peu de celui de nombreux lycéens. En cette période de confinement lié à l'épidémie due au coronavirus, la jeune attaquante du PSG, 16 ans, passe comme eux ses matinées à étudier. L'après-midi, en revanche, est consacré à de l'entretien physique. Une heure de footing et des exercices de vitesse animent sa sortie quotidienne, avant d'enchaîner à la maison sur des exercices de coordination et du renforcement musculaire.

    En première année STMG (Sciences et technologies du management et de la gestion), elle s'était révélée l'été dernier avec l'équipe de France féminine U19, en remportant l'Euro et en devenant à 15 ans la plus jeune marqueuse de la phase finale de cette compétition. Battant au passage le record de la première Ballon d'or féminine Ada Hegerberg, qu'elle retrouvera la saison prochaine à l'OL.

    En effet, celle qui n'est que licenciée à Paris a choisi de signer dans les prochaines semaines son premier contrat professionnel à Lyon. Et ce jusqu'en 2024. Avec franchise, elle se confie sur les raisons de son choix.

    Vous allez rejoindre l'Olympique Lyonnais la saison prochaine et y signer votre premier contrat pro. Quelles sont les raisons qui vous poussent à quitter le PSG ?

    VICKI BECHO. Quand je suis revenue de l'Euro U19 l'été dernier, j'avais besoin de passer un cap pour ma progression et je voulais intégrer l'équipe première pour ne pas perdre mon avance. Après la compétition, on a entamé des discussions avec le PSG mais je n'ai pas ressenti l'envie de leur part de me donner cette possibilité. Contrairement à d'autres clubs qui m'ont clairement montré leur intérêt. C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à remettre en question mon avenir à Paris.

    Qu'est-ce qui n'a pas été fait par le PSG ?

    Ce sont surtout des discussions qui ne menaient à rien. Paris m'a dit « Ne t'inquiète pas, tu vas signer » et, quelques mois après, il n'y avait toujours pas de suite. C'est ça qui m'a vraiment fait réfléchir, d'autant plus qu'il y avait d'autres clubs à côté. Le PSG m'a temporisé dans mes envies de progression. On m'a dit : « Vicki tu es trop jeune, il ne faut pas brûler les étapes ».

    2018-2019 était pourtant une saison très riche…

    J'ai été surclassée l'an passé avec les U19 du PSG (NDLR : à 14 ans). C'était nouveau pour moi, le rythme et le niveau y étaient beaucoup plus intenses qu'en U16. J'ai commencé la saison et, très vite, j'ai été appelée en équipe de France U17. De là, j'ai continué ma progression et continué à être appelé en sélection. En fin de saison, il y a aussi eu la finale du championnat U19 contre Lyon. Je fais une superbe finale, on gagne 5-1 et je mets un doublé. Et, ensuite, je suis appelée en équipe de France U19. A l'Euro, ça s'est super bien passé, on a gagné. C'est une étape qui m'a donné encore plus envie de progresser et d'intégrer l'équipe première pour ne perdre mon avance.

    Comment expliquez-vous cette avance ?

    Avant d'arriver au PSG, j'ai vécu des moments difficiles. Ma famille a été là pour moi. J'ai grandi à Sens dans l'Yonne, c'est à 1h30 de Paris, et lorsque le PSG m'a recrutée il n'y avait pas de centre de formation. Ça veut dire qu'il n'y avait pas d'internat. Avec toute ma famille, on a été obligés de déménager. Ça a été un gros sacrifice. Ma mère a dû laisser son travail. On a tout laissé à Sens pour venir à Paris. Tout ça m'a mis une pression supplémentaire, je devais travailler encore plus, être la meilleure pour eux.

    Ces sacrifices et ce manque de reconnaissance ont compté dans votre réflexion ?

    Je me suis souvent remise en question cette année parce que ça n'a pas été facile niveau football et en dehors. Ça m'a agacée que le PSG ne me montre pas un grand intérêt après tous les sacrifices que ma famille et moi avons faits pour venir. J'ai été un peu déçue. Ça fait partie des choses qui m'ont poussée à partir. Ça m'a déçue.

    Comment ça s'est passé avec Lyon ? Quels ont été les arguments de l'OL ?

    Lyon m'a contacté et je suis allée visiter les installations. C'est l'un des plus grands clubs au monde chez les filles. J'ai besoin de progresser pour ne pas perdre l'avance que j'ai prise et pour cela j'ai besoin d'être dans les meilleures conditions. L'OL peut permettre cela. Il y a aussi un challenge. Je n'aime pas me reposer sur mes acquis. J'ai toujours besoin de nouveautés et que le niveau soit plus élevé pour donner mon maximum.

    L'OL a-t-il proposé quelque chose de plus que le PSG ?

    Franchement, les deux contrats se valaient. Je sais que je jouerai peut-être un peu moins mais le challenge me pousse à y aller. Pour me convaincre de rester, le PSG a appuyé sur le fait que j'allais avoir plus de temps de jeu et que c'était idéal de rester. Je suis jeune, j'ai besoin que ça soit dur pour progresser. Lyon a clairement montré un intérêt et a été direct, alors que Paris a temporisé avant d'être dans la réaction. Il y avait des intérêts d'autres clubs mais, dès que le PSG a vu que l'OL s'intéressait vraiment à moi, ils se sont dits « Ah, là, il faut qu'on réagisse ».

    Qu'a mis en place le PSG pour vous garder ?

    Sur le contrat en lui-même, c'était assez similaire. Certains membres du club et certaines joueuses m'ont contactée pour essayer de me convaincre. Mais j'avais déjà ma petite idée en tête et j'avais des arguments qui me poussaient à aller à Lyon. Je n'ai pas voulu changer d'avis au dernier moment. En fait, le choix était déjà fait.

    Votre mère et vos agents vous voyaient plutôt rester au PSG…

    Ils penchaient un peu plus pour le projet parisien. Ils savaient que ça pouvait aussi être bénéfique pour ma progression. Surtout, je vis à Paris, j'ai tout mes repères et je suis très proche de ma famille qui vit avec moi. Ils pensaient que l'éloignement pouvait m'affecter et avoir une influence sur moi. Mais ils m'ont conseillée d'aller là où je sentais que je pourrais être la plus heureuse. Cela reste ma décision.