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OL: Lopes, le voltigeur au coeur des critiques

Sa sortie énergique agrémentée d’un coup de pied dans le bas ventre d’Alvaro Gonzalez, dimanche lors d’OL-OM (1-1), vaut de nouvelles critiques sur le style d’Anthony Lopes, coutumier de ces interventions musclées à la limite.

Ce n’est, à la base, qu’une action classique d’un match de football. Juste avant la mi-temps d’OL-OM (1-1) dimanche, Anthony Lopes s’est jeté pour attraper le ballon dans sa surface devant Alvaro Gonzalez, lancé en profondeur. Le début du geste est propre, la suite un peu moins puisque les pieds du Portugais traînent vers le bas-ventre du défenseur marseillais, d’une manière qui pourrait laisser supposer que le coup est intentionnel. En une intervention, le gardien lyonnais a réussi à faire bondir le banc marseillais et enflammer les débats sur son style de jeu au mieux énergique, au pire dangereux. "Il essaie de se protéger", a ironisé sa "victime", restée au sol quelques instants, sur les réseaux sociaux.

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Car le natif de Givors est plutôt coutumier du fait au point que ses sorties sont devenues un 'meme' sur les réseaux sociaux. L’expression "une sortie à la Anthony Lopes" est, elle, facilement identifiable en Ligue 1. Avant Alvaro Gonzalez, d'autres joueurs se sont parfois heurtés au joueur lyonnais, qui se laisse allègrement emporter par son élan. Le tout en échappant aux sanctions arbitrales. 

Anthony Lopes après un choc avec Kylian Mbappé
Anthony Lopes après un choc avec Kylian Mbappé © AFP
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Dimanche soir, la sortie de Lopes a été sanctionnée d’une faute… en sa faveur. Avant de déboucher sur un carton jaune pour André Villas-Boas, entraîneur de l’OM, furieux de la décision. En janvier 2018, sa sortie spectaculaire face à Kylian Mbappé avait sonné le milieu de terrain parisien. "Contre Mbappé, je ne siffle pas, estime Lionel Charbonnier, ancien gardien international français, champion du monde 1998 et membre de la Dream Team RMC Sport. Les deux étaient allés au duel, il n’y a pas de souci. Il n’a pas eu l’intention de faire mal. Hier (dimanche face à Marseille, ndlr), c’est différent, il n’a pas fait mal mais il y a cette intention de dire: 'je peux te faire mal'."

Les deux cas diffèrent. D’autres joueurs ont pu expérimenter la forte volonté de Lopes de laisser son empreinte. Il y eu notamment le Rennais Adrien Hunou, percuté par le gardien dans la lancée d’un dégagement effectué… deux ou trois mètres en amont en mars 2019. Un an plus tôt, un autre Rennais, Diafra Sakho, avait "goûté" à un contact avec le Portugais en plein visage, en février 2018, quelques semaines après son intervention sur Mbappé. 

Grégory Coupet, son ancien entraîneur des gardiens à Lyon désormais à Dijon, s’est étonné des critiques sur le geste de son ancien poulain dimanche soir. Pour lui, il n’y a rien à redire. "Aucune maîtrise? Où est le ballon? Dans ses gants", a-t-il écrit sur Twitter. Dans un autre message, il a qualifié sa sortie de "parfaite". En 2019, Lopes avait déjà assumé son style. "Je ne veux pas modifier mon jeu pour plaire à certains, avait-il confié. Je suis un gardien qui avance, dans une bonne agressivité, et forcément il peut y avoir des contacts."

"Le genou qui va vers le bassin du joueur, c’est plus que limite"

Le débat ne se situe pas sur cet impact physique. Plus sur le côté vicieux qu'il pourrait comporter . "Il peut marquer son territoire sans être trop agressif non plus, poursuit Charbonnier. Le genou qui va vers le bassin du joueur, c’est plus que limite. Il n’a pas une intention de faire mal mais plutôt de dire: ‘je suis là et si tu veux, on va y aller tous les deux’. Psychologiquement, c’est une emprise très importante dans les 16m mais il est coutumier du fait."

Le gardien lyonnais a pourtant changé. Il se disperse moins dans les échauffourées inhérentes aux rencontres. Mais il n’a pas bougé en ce qui concerne ses attributions de gardien. Pour le moment, il bénéficie de la "protection" réservée souvent aux gardiens sur les interventions dans leur propre surface. "Ça peut être considéré comme un penalty, estime Charbonnier. Si c’est le même geste avec la même intention de l’attaquant envers Anthony Lopes, le joueur prend au minimum un carton jaune, voire un rouge."

A défaut d’être le capitaine de l’équipe, Lopes se comporte en taulier et son comportement donne le ton à ses coéquipiers. "Un jour, il peut coûter une qualification ou un point à son équipe parce que les arbitres se passent le mot, poursuit Charbonnier. Ils vont disséquer ses interventions. A mon avis, ça a déjà été fait. Avec la VAR, les gens vont être à même de regarder ce tout petit geste final. Ce n’est pas grand-chose, c’est juste une attitude, un mouvement de pied qui va vers le joueur. Je ne discute pas la vivacité de son intervention, la fermeté, ni l’explosivité, il faut qu’il garde ça mais il faut qu’il se canalise une fois qu’il a la balle dans les mains." Pour ne pas faire une énième polémique. 

Nicolas Couet