(P.Lahalle/L'Equipe)

Une pluie de buts, mais match nul entre l'OL et l'OM

On avait eu droit au patéthico lors du dernier OL-OM à Gerland. Cette fois on a vu un héroico ! 5-5, avec plusieurs renversements de situation, du jamais vu en Ligue 1. De la première à la 95e minute, les joueurs se sont donnés à fond, donnant lieu à un match d'anthologie.

La leçon : Un moment d'histoire

Le sourire aux lèvres, Lisandro Lopez échange son maillot avec Gabriel Heinze, son ami argentin. L’un d’entre eux vient d’encaisser un but dans les derniers instants. En l’état, impossible de savoir lequel. Une image qui prouve que tout le stade, et toutes les personnes réunies devant leur écran, ont vécu un moment magique. Des matches avec beaucoup de buts en Ligue 1, on en a déjà vu. Peu, certes. Mais ça existe. Autant de buts avec un tel suspens et une telle rivalité, en revanche, c’est unique. Et au vu de la qualité de jeu, et de la beauté des buts, nul doute qu’on reparlera de ce match pendant encore dans des dizaines d’années. Et si on n’en parle pas pour son contenu, ce sera peut-être pour son scénario.

Comme quoi, il peut s'en passer des choses en 90 minutes. Et des belles, en plus !

Une ouverture du score à la troisième minute de jeu, surtout dans un Olympico, c’est pas banal. L’égalisation marseillaise à la douzième minute, passe encore. Mais la réponse immédiate de l’OL via un superbe rush de Govou (2-1, 14e), ça, il fallait du caractère pour le faire. Et puis, alors qu’on se dirigeait tranquillement vers la mi-temps, la frappe de Cheyrou tombait sur Lloris comme la foudre sur Lyon (2-2, 44e). On se dit que l’OL va se reprendre. Que son niveau de jeu en première période va lui permettre de relever la tête. Mais non. Au retour des vestiaires, c’est l’OM de Didier Deschamps qui attaquait tambour battant. Et il s’en voyait récompensé (2-3, 46e). Alors, quand on voit Brandao creuser l’écart sur corner (2-4, 79e), on se dit que c’est fini. Lisandro Lopez n’aura eu besoin que de cinq minutes pour nous prouver le contraire. Deux pour réduire la marque sur une belle inspiration personnelle (81e). Et trois autres pour transformer le penalty provoqué par une main de Gabriel Heinze, comme par hasard (84e). Parce que oui, dans le football, scénario hollywoodien rime systématiquement avec penalty. C’est comme ça. Et puis, sur sa lancée, Licha emmenait l’OL vers un cinquième but à la construction soyeuse (90e). Le stade explose. Mais l’OL implose, finalement, quand Toulalan déviait un ultime ballon phocéen dans ses cages du talon (90+2e). Tout cela avant que Heinze et Licha s’échangent leur maillot, donc. Comme quoi, il peut s’en passer des choses en 90 minutes. Et des belles, en plus !

Le gagnant : Miralem Pjanic, partition parfaite

La concurrence ne manque pas au milieu à l’OL. Contre l’OM, Claude Puel a fait confiance au jeune bosniaque pour faire le liant entre le milieu de terrain et l’attaque lyonnaise. Bien lui en a pris. Miralem Pjanic était dans tous les bons coups. Déjà, il y a son but. Bien placé entre les lignes marseillaises, il était à la retombée d’une tête d’Hilton. La suite ? Un enchainement contrôle de la poitrine - demi-volée ravageur (1-0, 3e). Et ce quitte à aller au contact avec le défenseur brésilien. Ça en dit long sur le courage du bonhomme. Et sur la justesse technique, aussi. Après le but, il est à la passe, sur la seconde réalisation rhodanienne. Dans sa moitié de terrain, il combine avec Gassama et Govou, avant de lancer ce dernier dans un rush, qu’il finissait de construire tout seul à toute allure (2-1, 14e). Impérial au milieu, il impressionnait par sa facilité, et son goût du jeu porté vers l’avant. Toujours à la recherche de la profondeur. Ou de Lisandro en pivot. Comme sur le dernier but lyonnais. Pjanic portait le ballon dans le camp adverse et trouvait Licha. En une touche, il glissait à Gomis qui mettait ensuite le Bosniaque sur orbite. Il aurait pu finir, presque tout seul face à Mandanda. Mais, altruiste, il a préféré coulisser vers Bastos, plus frais et meilleur finisseur (5-4, 90e). Une performance extraordinaire dans un match d’une rare intensité. En somme, un match de bonhomme dans le corps d’un gamin de 19 ans.  

Le perdant : Hugo Lloris, jeu de mains...

Les supporters retiendront certainement le but contre son camp du talon de Jérémy Toulalan dans les derniers instants. Un souvenir qui ferait les affaires d’Hugo Lloris. Car si le défenseur est le héros malheureux des Lyonnais, le gardien, lui, est passé au travers de sa partie. Certes, il faut mettre à son crédit deux belles parades sur Niang et Brandao (4e, 53e). Mais sinon, pas grand-chose. Il est surtout fautif sur trois buts marseillais. Des sorties hasardeuses sur corner (12e, 79e), qui permettaient à Diawara et Brandao de marquer. Et puis des fautes de main. Sur ce même but de Diawara, déjà. Il déviait la tête du Sénégalais sur son poteau, avant qu’elle ne lui revienne dessus. Et puis, que dire de son plongeon sur la frappe lointaine de Benoît Cheyrou. Surpris par la trajectoire, il accompagnait une nouvelle fois le cuir dans ses propres filets (44e). Un coup de massue juste avant la mi-temps. D’autant plus que ses coéquipiers dominaient le match. Ils ont mis du temps à s’en remettre... - E.G.

Le match comme si vous y étiez